Pour vous remercier de votre fidélité, je souhaite partager aujourd’hui en exclusivité avec vous les toutes premières minutes de ma méthode « Apprendre le swing au violon »! J’ai également envie de vous expliquer pour quelles raisons je pense qu’il est judicieux d’utiliser cette technique d’archet, et mon cheminement à travers cela, puisque je viens du classique et que j’ai dû modifier ma technique d’archet pour le jazz! Je ne l’ai pas fait tout-de-suite car j’étais un peu paresseuse de tout changer, je l’avoue… Mais j’ai peu à peu compris que ce chemin était nécessaire pour aller plus loin dans l’improvisation en jazz!! 

Pour illustrer cela, je vais également vous parler de la manière de swinguer de Stéphane Grappelli et de Didier Lockwood, qui sont mes plus grands inspirateurs pour le swing au violon.

 

Un grand changement

En effet, en tant que musicienne classique, ma technique de main droite était tout-à-fait opposée à celle que j’utilise à présent pour le jazz. Mon bras initiait le mouvement, suivi du poignet et des doigts, afin que le changement de coup d’archet soit le plus discret possible! Comme vous allez le voir dans la vidéo ci-dessous, j’ai dû inverser la tendance pour faire partir le mouvement des doigts! Découvrez maintenant comment positionner votre main droite et comment faire partir le mouvement de l’archet:

 

 

La technique de main droite

Essayer d’utiliser au maximum les doigts de la main droite. Le mouvement de l’archet doit vraiment partir du doigt, sans que ce soit le bras qui l’initie! C’est pour ça qu’il est judicieux de s’exercer à ne bouger que les doigts pour pouvoir bien comprendre le mouvement, puis ajouter le bras plus tard seulement..

 

Pourquoi les doigts?

Car en jazz, la précision rythmique est d’une importance capitale!! Et pour avoir cette rigueur indispensable, l’attaque du son doit être très précise et incisive, comme une consonne, et cela sans pour autant avoir beaucoup de vitesse d’archet. C’est le contact de l’index sur l’archet qui va générer l’attaque. 

 

Ne pas forcer le son!

Ce n’est pas nécessaire de forcer le son, de mettre de la force dans le bras pour obtenir du volume sonore. Grâce à une attaque précise et au poids de l’archet sur la corde, le son sera suffisant. Chercher beaucoup de son du violon, comme on le ferait dans de grand concerto romantique, reviendrait à utiliser beaucoup d’archet et mettre beaucoup de poids du bras droit; mais cela n’ouvre pas la porte au swing! Cela représente aussi un handicap pour jouer vite et continuer à swinguer. Et n’oubliez pas que nous sommes dans une esthétique jazz, et non pas en train d’interpréter un concerto de Sibélius…

Prenons plutôt deux exemples adéquats dans l’esthétique du violon jazz  : Stéphane Grappelli et Didier Lockwood.

 

Le son de Stéphane Grappelli

J’ai eu récemment l’occasion de faire une interview au sujet de Stéphane Grappelli dans son propre appartement, avec des proches et également des musiciens qui ont partagé la scène avec lui. Le témoignage de Jean-Philippe Viret, son contrebassiste, fut très intéressant: il nous disait qu’en acoustique, Stéphane n’avait pas un très gros son. Cela ne m’étonne pas vraiment, en fait je m’en doutais! Le jeu de Stéphane Grappelli est empreint d’une élégance incroyable! Toujours gracieux dans son phrasé, son jeu est léger et aéré. Il utilise également beaucoup d’éléments très violonistiques tel que le vibrato, les notes aigües sur la corde de mi en position et une technique et une vélocité incroyable, ce qui donne peut-être parfois l’impression qu’il joue avec un gros volume sonore, comme un violoniste classique: mais en fait, ce n’est pas le cas! Le témoignage de Jean-Philippe Viret le confirme.

Beaucoup de violonistes tentent de l’imiter à travers un gros son et beaucoup d’archet, mais le résultat est un son pâteux et lourd, avec un grand manque de swing.

 

L’archet de Didier Lockwood

Notre regretté Didier Lockwood jouait également avec très peu de volume sonore. Il a vraiment été très loin dans la légèreté du son, ce qui lui donnait un son très flûté en concert. Il se servait de l’amplification pour développer un son très subtile avec beaucoup d’effets. 

Lorsque j’ai étudié avec lui, il a énormément insisté sur l’utilisation des doigts pour attaquer les notes, et également sur le fait de jouer avec très peu d’archet, et cela pendant toute l’année à tous les cours! Sur le moment, cela m’ennuyait parfois, mais pour finir j’ai compris l’utilité de tout cela. J’étais incapable de jouer aussi vite que lui car j’utilisais toujours trop d’archet! En appliquant son savoir-faire, j’ai compris qu’on pouvait garder le swing même en jouant plus vite, et avoir également un swing léger et aéré sur les tempi mediums.

 

Peu d’archet pour commencer

Si j’explique tout cela , c’est pour vous montrer que pour commencer à swinguer au début, il vaut mieux renoncer un peu à avoir beaucoup de son avec la force du bras droit, et travailler le swing avec peu d’archet pour vraiment sentir la légèreté et avoir un jeu aéré. Plus tard, vous pourrez rajouter la longueur d’archet et la force du bras droit, en fonction des situations! 

 

 

Mon expérience

Personnellement, à chaque fois que j’ai dû « jouer fort », par exemple dans des situations comme des jams en acoustique avec beaucoup de monde qui joue en même temps, j’ai sentis que je perdais du swing, ainsi que la capacité de jouer plus vite. En effet, jouer très vite en gardant le swing et en devant jouer très fort est impossible! C’est bien de savoir le faire évidemment, mais quel plaisir de pouvoir retrouver un jeu plus aéré en utilisant aussi les ghost notes, pour avoir de la légèreté et plus de subtilité encore dans le son jazzy…